Tests diagnostiques à l’épreuve : les scientifiques recherchent les meilleures solutions sur site contre le virus Nipah et la fièvre de Lassa

Des scientifiques spécialisés dans la détection virale se lancent dans la recherche des tests les plus fiables sur site pour deux maladies virales susceptibles de déclencher des épidémies mortelles.

Dans le cadre d’un projet de quatre ans financé par CEPI et dirigé par FIND, l’équipe examinera et évaluera toutes les options de dépistage sur le lieu d’intervention pour les deux maladies. Elle travaillera à faire progresser les options les plus performantes en vue de tests supplémentaires, d’approbation réglementaire et d’utilisation généralisée.

« Des tests diagnostiques rapides et de haute qualité pour Nipah et Lassa sont absolument nécessaires pour être en mesure d’aider les patients dès qu’ils ont besoin de soins de santé dans la communauté, et d’aider le personnel de santé publique à réagir aux épidémies. La détection rapide des maladies signifie que les agents de santé peuvent commencer sans tarder un traitement ciblé et orienter le patient vers le prochain niveau de soins de santé pour une meilleure compréhension et prise en charge de la maladie si nécessaire », déclare In-Kyu Yoon, directeur exécutif, R&D, CEPI. « Les tests rapides peuvent également être utilisés pour des actions de santé publique telles que le confinement des patients et le traçage des cas contact, et pour aider à développer des outils tels que des vaccins pour lutter contre ces maladies mortelles. »

CEPI a accepté d’attribuer jusqu’à 14,9 millions de dollars au projet, qui se déroulera de février 2024 à janvier 2028. Les chercheurs identifieront les critères d’un test de diagnostic rapide optimal et choisiront des tests rapides pour Lassa et Nipah afin de les évaluer à l’aune de ces critères. Les diagnostics réussis feront l’objet d’une demande d’octroi de licence dans l’optique d’une utilisation à grande échelle.

« L’accès à des tests diagnostiques rapides et de qualité est la pierre angulaire de la sécurité sanitaire mondiale. Cette initiative est la première du genre dans le cadre de la Mission de 100 jours, pour le développement intégré d’un portefeuille d’outils couvrant les diagnostics et les vaccins », déclare Dre Cassandra Kelly-Cirino, vice-présidente des programmes de santé de FIND. « L’absence de tests pour identifier les épidémies fréquentes de Nipah et de Lassa expose les gens à ces maladies mortelles et constitue une menace pour des populations entières. Il est essentiel d’avoir les outils nécessaires pour identifier rapidement ces foyers afin de les contenir. Cette collaboration FIND–CEPI permettra d’accélérer le développement de tests de haute qualité qui peuvent être utilisés au sein des communautés et des centres de santé primaires afin que les gens puissent obtenir rapidement les soins dont ils ont besoin et que la transmission puisse être stoppée. Nous veillerons également à ce que ces tests soient disponibles, accessibles et abordables pour les pays qui en ont besoin. »

Nipah est une maladie zoonotique identifiée pour la première fois en 1999 en Malaisie. Ses hôtes naturels sont des chauves-souris frugivores, également surnommées « renards volants », et elle peut se propager aux humains à partir d’animaux infectés ou, dans de rares cas, d’une personne à l’autre. Les épidémies de Nipah ont jusqu’à présent été confinées en Asie du Sud et du Sud-Est, mais les chauves-souris frugivores se trouvent dans une vaste zone géographique couvrant une population de plus de deux milliards de personnes, ce qui fait de ce virus une menace pandémique potentielle. Le virus Nipah peut causer une maladie grave et à progression rapide, y compris une inflammation cérébrale, et jusqu’à 70 pour cent des personnes infectées par Nipah en meurent.

La fièvre de Lassa est une pathologie virale transmise par le rat qui provoque une maladie hémorragique aiguë dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest. Jusqu’à 80 pour cent des personnes infectées par le virus de Lassa peuvent être asymptomatiques, et les premiers signes et symptômes ne sont pas spécifiques, ce qui rend difficile un diagnostic précoce précis. Parmi les patients hospitalisés atteints d’une forme grave de Lassa, le taux de mortalité est d’environ 15 pour cent.

Il n’existe actuellement aucun vaccin contre Nipah et Lassa, mais plusieurs sont en cours de développement. CEPI finance quatre vaccins candidats contre Lassa et trois contre Nipah. Dans le cadre du processus de développement vaccinal, des tests diagnostiques de haute qualité sont essentiels, en particulier pour la conception et la conduite optimales des essais cliniques. Alors que les vaccins potentiels contre Nipah et Lassa avancent vers des essais cliniques en phase avancée, des tests fiables sur site seront essentiels pour identifier rapidement les cas. En plus du besoin critique de tests pour assurer une détection précoce et la prise en charge rapide des patients et la détection des foyers, ils sont également essentiels pour aider à l’identification des zones à haut risque pour mieux concevoir les essais d’efficacité, et pour fournir une prise en charge adaptée pour les patients infectés inscrits dans des études.

La détection précoce des agents pathogènes est essentielle à la Mission de 100 jours, un objectif adopté par le G7 et le G20 portant sur le développement de vaccins, diagnostics et traitements contre de nouveaux agents pathogènes dans les 100 jours suivants l’identification des virus afin de donner au monde une chance de prévenir la prochaine pandémie. Le pathogène pandémique potentiel doit d’abord être correctement identifié pour commencer le processus de développement vaccinal, et la propagation des agents pathogènes doit être bien caractérisée pour soutenir le développement continu des vaccins. Des tests rapides et précis permettent aux patients et aux professionnels de la santé de prendre des décisions éclairées sur la protection sanitaire et de prévenir la propagation, ainsi que de fournir des données solides pour appuyer la prise de décisions en matière de santé publique fondées sur des données probantes. Ce projet fait partie de l’accord-cadre entre CEPI et FIND.

CEPI et FIND s’engagent à permettre un accès équitable aux résultats de leur partenariat, conformément à la politique d’accès équitable de CEPI et à la politique d’accès mondial de FIND, en veillant à ce que tous les nouveaux tests ou vaccins mis au point soient rendus accessibles aux populations qui en ont besoin. Les résultats du projet, y compris les données générées dans le cadre de ce projet, seront publiés en libre accès au profit de la communauté scientifique mondiale.